Introduction
Dans ce travail
synthèse, il nous est demandé de réfléchir aux changements que peut apporter l’évolution
du web social dans le milieu du loisir municipal. Il est facile de s’apercevoir
que le web social a bouleversé notre façon d’utiliser Internet ainsi que de
communiquer. De simples utilisateurs, les internautes sont devenus les acteurs
centraux de ce réseau via leur possibilité de partager l’information. Voyons
comment cet important phénomène social pourrait influencer l’évolution du monde
du loisir municipal d’ici les 20 prochaines années.
Le
loisir municipal
Il est d’abord nécessaire de
préciser le milieu choisi. J’ai choisi le loisir municipal car j’y ai évolué en
tant que coordonnatrice d’un organisme paragouvernemental dont la mission
visait à soutenir les besoins des municipalités. De plus, je travaille
maintenant au sein d’une institution collégiale d’une petite ville qui doit
tenir compte de l’offre municipale dans sa propre programmation. Ce qui me
semble particulièrement intéressant, c’est que l’offre de service de loisir est
souvent un des liens les plus forts qui unissent les citoyens à la ville
habitée.
Le loisir municipal, ou public,
représente l’ensemble des offres de programmations d’activités de loisir faites
aux citoyens de tout village ou ville. Il s’agit de l’offre de loisir effectuée
suite à des rencontres de concertation, des demandes spécifiques ou des
tendances que les intervenants en loisir municipal pressentent ou voient émerger. Le loisir municipal est très
important en ce sens qu’il participe à la rétention de citoyens ainsi qu’à l’attrait
de nouveaux citoyens dans les municipalités en modelant un milieu de vie sain,
dynamique et accueillant. Le loisir municipal doit s’adapter aux besoins et
contraintes de tous les groupes de clientèle (personnes âgées, personnes à
mobilités réduites, couples, personnes célibataires, jeunes familles, familles
monoparentales, personnes à faibles revenus, etc.) puisque la mission première
du loisir est d’être accessible à tous.
Ainsi, une réflexion sérieuse doit être
portée de façon globale, au niveau des nouvelles tendances à grande échelle,
ainsi que de façon locale, au niveau des demandes précises émanent de certains
groupes de citoyens, et ce, en permanence.
Mentionnons finalement que, par
définition, le loisir est un
gain issu du processus social et individuel. En effet, les pratiques de loisir
sont le reflet de notre culture : la culture du travail, la culture de l’individu,
etc. Il m’apparaît clair que lorsque les nouvelles tendances prennent
suffisamment d’ampleur, les comportements se modifient et la culture
s’enrichit. C’est pourquoi j’affirme que le web social apportera de véritables
changements au loisir municipal.
Échelle de 1 an
Selon moi, des
transformations ont bel et bien débuté et sont d’ailleurs déjà bien établies
dans nos habitudes et pratiques de loisir. Tel que précédemment mentionné, la sphère du loisir n’échappe pas aux
transformations sociales amenées par l’évolution constante des technologies. En
effet, plusieurs loisirs dits traditionnels se sont déjà transformés : ils
sont devenus des loisirs pratiqués sur la toile et/ou à l’aide d’une forme d’ordinateur
ayant (ou non) accès à Internet.
Un premier exemple serait les jeux vidéo
autrefois effectués sur console pouvant maintenant être joués sur CD-Rom sur l’ordinateur ou téléchargés
sur le téléphone cellulaire intelligent pour être joué en temps réel via
Internet. Un autre exemple de transformation de loisir pourrait être la
lecture. Alors que l’on achetait en librairie ou louait dans une bibliothèque
des livres en version papier, l’on peut dorénavant lire des œuvres électroniques.
En effet, le web social permet maintenant que l’on puisse accéder gratuitement
à des livres en version électronique sur le site de GoogleBooks, s’unir dans des groupes Facebook pour partager des livres électroniques à lire sur le
portable ou la tablette ou, encore, acheter la dernière application Android afin d’avoir accès à une foule
de livres directement sur le téléphone mobile. Il en va de même pour le cinéma
ou les séries télévisées. Ce ne sont là que de simples exemples
pourtant criant. Au niveau du loisir municipal, la prochaine année est au
changement des habitudes et à l’adaptation. Effectivement, les gestionnaires en
loisir public ne peuvent plus occulter, ni les outils du web social, tel
Facebook ou Twitter doivent réfléchir, ni les pratiques du web social, tel le
partage de livres électroniques ou de films en ligne.
Bien que plusieurs activités de loisir
restent les mêmes (pensons au tennis ou au jeu d’échec), comment pourrait-on
adapter les autres activités à ce nouveau modèle? Quelles activités modifier?
Lesquelles ajouter? Est-ce nécessaire de consulter la population citoyenne afin
de connaître clairement leurs attentes et leurs nouveaux besoins en matière de
loisir électronique, mais aussi en matière de moyens de communication de l’information
municipale? Voilà autant de thématiques qui devront, à mon avis, être étudiées
par les gestionnaires dans la prochaine année.
Échelle de 5 ans
Actuellement, la littérature rapporte que les loisirs à saveur
informatique sont l’un des segments les plus dynamiques en termes de
participation. Avec environ 11% de la population mondiale qui utilise
activement la plateforme de réseau social Facebook, qui accède et y partage du
contenu, qui y pratique des loisirs en ligne et qui peut l’utiliser pour
beaucoup plus que pour seulement socialiser, partager de l’information ou une
connexion, comment peut-on rendre concrète cette pratique dans l’offre de
loisir publique?
Conséquemment, à cette
échelle, je crois que les principaux changements apportés seront, en fait, des
ajouts d’activités aux programmations. Un service municipal des loisirs se doit
de s’adapter aux nouvelles tendances populaires et d’encourager une pratique
saine.
Ces nouvelles tendances
peuvent se traduire en petites ou grandes demandes de la part des citoyens. Par
exemple, pensons qu’il est possible qu’un groupe de retraités souhaite avoir
accès à un local d’ordinateurs afin d’aller jouer à des jeux sociaux en groupe sur
la plateforme de réseautage social Facebook. J’imagine bien qu’un groupe de
jeunes collégiens veule avoir accès à une dizaine de tablettes lorsqu’ils se
rendent à la bibliothèque municipale afin de lire leurs ouvrages en version
électronique. Il est même pensable que la ville doive investir dans l’offre d’Internet
en Wi-Fi dans les aires de plein air ou autres espaces de loisir publics puisqu’il
est très commun de voir des résidents ou touristes partager leur expérience
alors qu’ils la vivent, sur Facebook ou autre outil de partage. Bien que cela
représente en réel investissement technologique, cela pourra profiter, bien
sûr, au rayonnement touristique de la ville en plus de rendre ces endroits
accessible aux gens qui voudrait travailler quelques heures en nature sur leur
portable. Mieux adaptés aux besoins émergents des jeunes familles ou étudiants
internationaux, par exemple, ces espaces de loisir seront davantage –et différemment-
visités!
Échelle de 20 ans
Il m’est difficile de voir
aussi loin puisque la nature même des technologies est évolutive. Quel sera le
prochain outil pour accéder à Internet? Quelle couleur auront nos pratiques?
Est-ce que le gouvernement aura censuré le partage d’information? Internet
existera-t-il encore sous la forme qu’on lui connait?
Néanmoins, en 2032, je propose
que les principes à la base même du web social (socialisation, collaboration, production de contenu en
continu par les utilisateurs, partage d’intérêts et esprit de communauté)
auront définitivement modelé nos façons d’être. À titre d’exemple rigolo, une
copine me racontait avec humour que sa jeune fille de 5 ans tentait de changer
la minuterie de la mijoteuse en tournant la page du bout des doigts, comme on
le fait avec l’écran de nos iPhone. Aussi, personnellement, j’ai remarqué certains
jeunes de 10 ans se promenant en vélo en « textant ». J’ai, de plus, une
collègue qui planifie tout évènement en consultant activement son compte Pinterest. Elle refuse de s’en passer,
et pour cause! Ces outils et ces pratiques sont ancrés dans nos habitudes de
vies et nous modulent en conséquence. Ils changent nos attentes et nos besoins.
Mon opinion est que les principaux
changements apportés dans le monde du loisir public d’ici une génération seront
au niveau des structures de communication des programmations de loisir. En effet,
plusieurs d’entre nous sommes encore très familiers avec le fait d’appeler au
centre communautaire de loisir pour avoir de l’information, d’aller s’inscrire
sur place en payant comptant et de se déplacer pour jouer à certains jeux en
groupe (dames, cartes, bridge, etc.).
J’envisage fortement que la prochaine
génération exigera que les sites Web soient ultra efficient et regorgent d’informations
et de fonctions. Ils exigeront de pouvoir connaître la programmation et
compléter leur inscription, et celle de leurs enfants en même temps, via
Internet. Qui plus est, peut-être voudront-ils même jouer en ligne? Ainsi les
groupes de lecture partageront leurs commentaires sur un forum interactif. Les
joueurs de bridge pourront le faire en réseau et en temps réel (ou non,
pourquoi pas!?) avec leurs compatriotes à partir de leur logis. Les orchestres
de quartier pourront répéter à distance via un logiciel du type Skype. Que dire
de l’audience qui pourra aussi assister au spectacle via une diffusion payante
de l’évènement? Je vais même jusqu’à croire que l’esprit de
collaboration et de partage qui a fait croître le mouvement de codes source
libre aura su diminuer le phénomène de consommation global et aura ramené la
notion de partage et de réutilisation à un niveau beaucoup plus sain. Cela
aura, on s’en doute, un effet sur le loisir. Lequel exactement?
Dans tous les cas, il est évident que l’on parle
ici d’une philosophie et d’une façon d’être qui demande naïvement et
naturellement à ce que tout soit accessible via la toile. Il s’agit alors, pour
les gestionnaires et intervenants en loisir municipal, de commencer à penser
comme ces jeunes gens qui sont les futurs citoyens!
Conclusion
Rappelons, à ce stade, que
notre avis est que l’évolution du web social aura de forts impacts sur les
tendances en loisir et, de ce fait, sur toute offre de loisir public (puisque
celui-ci est, à la base, produit de notre société et de nos gains collectifs).
Finalement, concluons avec
les résultats d’une nouvelle étude sur le loisir électronique qui affirme que « les nouvelles technologies
de l’information et de la communication, les ordinateurs personnels, l’Internet
ainsi que la téléphonie mobile, ont profondément changé les normes et pratiques
dans tous les domaines de la vie. Parmi les influences, elles sont transformé
l'accès des individus aux loisirs et la culture ainsi que les comportements de
loisirs et les expériences. Elles ont changé la façon dont les gens passent
leur temps, déterminent leurs préférences culturelles et développent leurs
liens sociaux et leurs réseaux ».
Et que cela continue!
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